Berlioz-Leroy
Bien que relativement oubliée de nos jours, la maison Berlioz-Leroy a connu une existence riche et complexe. L’histoire de la firme débute au milieu du XIXème siècle, mais sa reprise par mademoiselle Berlioz et monsieur Leroy n’a lieu qu’au début des années 1920. Les ouvrages publiés par le bijoutier et collectionneur Henri Vever aident à cerner les différentes directions prises par la maison au cours du temps.
La naissance de Berlioz-Leroy : un jeu complexe de filiations
Le joaillier Jacques Petit s’installe dès 1840 au 13 passage Vivienne à Paris. La direction de sa maison passe ensuite à son gendre, Hippolyte Vaubourzeix, qui tient boutique à la même adresse. Bien que la firme soit assez discrète dans les archives, Vaubourzeix obtient régulièrement des récompenses, telles plusieurs médailles d’or à l’exposition universelle de 1878. En 1883, c’est l’épouse d’Hippolyte Vaubourzeix qui prend la relève, puis son fils Georges, cinq ans plus tard. Vaubourzeix s’associe à Paul Hamelin, qui avait fondé rue de la Paix une maison elle aussi habituée des récompenses. Il faut ensuite attendre 1920 pour voir la firme être reprise par mademoiselle Berlioz et monsieur Leroy.
La maison maîtrise immédiatement sa communication : dès 1922, Berlioz-Leroy s’offre plusieurs pages en couleur dans le magazine Vogue. Ce moyen de communication reste utilisé par la maison jusque dans les années 1940. Berlioz-Leroy ne manque pas de parer des stars, telle la célèbre actrice Jeanne Rolly. La renommée croissante de la maison lui permet une rapide expansion géographique, avec l’ouverture de nouvelles boutiques dans des stations balnéaires huppées, à Cannes sur la Croisette et à La Baule.
Une myriade de styles…
De sa genèse vers 1840 aux années 1920, la maison s’oriente vers des styles extrêmement variés. Son premier directeur, Jacques Petit, produit de la petite bijouterie nommée à l’époque « fantaisie », en or filigrané incrusté de pierres semi-précieuses. Puis, les Vaubourzeix s’orientent vers un style néo-Renaissance affirmé, en produisant des croix, montres ou bagues ornées de rinceaux végétaux, chimères ou mascarons.
C’est le couple Berlioz-Leroy qui opère, au rachat de la maison, un virage radical vers l’Art Déco. Les bijoux de la maison sont alors structurés par des lignes géométriques, des motifs répétitifs, et de forts contrastes de couleur. Le goût marqué de la firme pour la polychromie se traduit par l’usage de pierres dures et semi-précieuses, telles le lapis-lazuli, l’onyx ou la turquoise. Si des pierres précieuses peuvent aussi compléter les bijoux, elles ne sont jamais dominantes, et relèvent de leur éclat les couleurs vives des pierres dures.
… jusqu’à l’éclosion d’un Art Déco orientalisant
La signature de la firme ne se situe pas uniquement dans ce style Art Déco, investi par d’autres joailliers, mais également dans un goût prononcé pour l’Orient et l’Asie. Les bijoux Art Déco de Berlioz-Leroy sont fréquemment ornés de laque, de corail, de perles, et de plaques de jade sculptées de motifs. Ces matériaux donnent aux créations un aspect organique, une polychromie, et un rendu orientalisant. Les motifs mêmes des bijoux s’inspirent de l’Extrême-Orient. Aujourd’hui, une des pièces les plus célèbres de la maison est par exemple un bracelet où figurent de petites pagodes de platine incrustées de corail, onyx et diamants. Cette veine orientaliste est particulièrement appréciée par la clientèle des années 1920, à l’instar de l’actrice Jeanne Rolly, qui achète à Berlioz-Leroy des parures de jade et de corail chinois. La presse s’en fait l’écho : un journaliste du Figaro compare, en 1923, les créations Berlioz-Leroy aux bijoux orientalistes peints par Gustave Moreau.
Dès 1922, la maison est célébrée dans la presse pour ses fibules et ses grandes broches émaillées en forme de fleurs. Il faut également souligner l’importance qu’occupent les petits accessoires dans la production de Berlioz-Leroy. Les poudriers, briquets, étuis à cigarettes ou sacs du soir s’ornent eux aussi d’or et de pierres dures gravées, dans le plus pur style Art Déco.
Combien vaut une création de la maison Berlioz-Leroy ?
Les productions Berlioz-Leroy sont absentes des collections publiques françaises, et il a fallu attendre l’exposition new-yorkaise Through the Eyes of a Connoisseur, en 2018, pour que le grand public redécouvre un bracelet Berlioz-Leroy. Si le joaillier a alors connu un certain regain d’intérêt, ses productions restent rarement mises en vente. Ce constat se vérifie en particulier pour les bijoux . Les petits accessoires de la maison sont, eux, plus présents sur le marché de l’art.
Les prix des créations Berlioz-Leroy sont, la plupart du temps, inférieurs à 5 000 euros. Ils s’avèrent variables, selon la complexité technique des pièces, et les matériaux utilisés. Un petit sac du soir, orné d’un fermoir en jade sculpté, a par exemple été adjugé l’équivalent de 495 euros en 2020. Cette pièce est typique du style orientalisant de la maison, ainsi que de l’étendue de sa production. Une création plus typiquement Art Déco est le poudrier en or, émail noir et corail gravé, réalisé vers 1930 et adjugé 3 200 euros en 2020.
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