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Estimation et cote de l'artiste Émile Bernard
Émile Henri Bernard (Lille, 1868 – Paris, 1941) est un peintre, graveur et écrivain français.
Les débuts d’Émile Bernard : Pont-Aven et les impressionnistes
Son père dirigeant la branche parisienne d’une entreprise textile, c’est à l’École des Arts décoratifs de Paris qu’Émile Bernard reçoit sa première formation, avant d’entrer, en 1884, dans l’atelier du peintre Fernand Cormon (où étudie aussi Henri de Toulouse-Lautrec).
Il en est cependant exclu pour indiscipline deux ans plus tard et quitte la capitale pour un voyage à pieds à travers la Normandie et la Bretagne.
Émile Bernard rencontre alors Vincent Van Gogh, puis, en 1888, Paul Gauguin, avec qui il fonde le groupe de Pont-Aven, prônant un style synthétique, la simplification des formes et de la palette de couleur.
Lors de la première exposition du groupe de Pont-Aven, au Café des Arts de Paris, en 1889, Émile Bernard expose vingt-cinq toiles signées du pseudonyme de « Ludovic Nemo ».
Néanmoins, en 1891, Émile Bernard rompt avec Gauguin, avant de participer aux deux premières expositions des Peintres impressionnistes et symbolistes chez Le Barc de Boutteville, aux côtés de Maurice Denis, Pierre Bonnard, Paul Signac et Édouard Manet.
Émile Bernard en Orient
Ayant perdu le soutien financier de sa famille, Émile Bernard quitte Paris pour l’Égypte en 1893.
Il y restera dix ans, y épousant en 1894 une jeune Syriaque de quinze ans, Hanenah.
En dépit des grandes difficultés matérielles qu’entraîne sa charge de famille (Hanenah lui donne cinq enfants, dont seuls deux survivent), Émile Bernard sillonne le bassin méditerranéen – Grèce, Turquie, Jérusalem, Espagne – et réalise d’ambitieuses fresques (celles de Samos, dans le style byzantin, ont été photographiées avant leur destruction durant la guerre), ainsi que nombre de tableaux orientalisants et des bas-reliefs en bois.
Émile Bernard quitte l’Égypte en 1904, abandonnant son épouse au profit d’Andrée Fort, sœur du poète Paul Fort (qu’il épousera en 1938 à la mort d’Hanenah – non sans avoir vécu plusieurs années comme un bigame).
La même année, il passe un mois en compagnie de Paul Cézanne, qu’il contribue à faire connaître, notamment via la revue qu’il a fondée, La rénovation esthétique.
Consécration et prospérité d’Émile Bernard
En 1911, son père décède : grâce à son héritage, Émile Bernard achète sur l’île Saint-Louis à Paris un appartement ayant autrefois appartenu à Philippe de Champaigne – filiation dont l’artiste, qui amorce alors, de son propre aveu, un retour à la tradition « classique », se montre très fier.
Débute alors une fructueuse association avec l’éditeur Ambroise Vollard, pour qui Émile Bernard illustre de gravures sur bois, entre autres, Les Amours de Ronsard (1915), Les Fleurs du mal de Baudelaire (1918), les Fioretti de Saint François d’Assises (1928) et l’Odyssée d’Homère (1930).
Au fil de sa carrière, Émile Bernard réalisera plus de deux mille bois gravés, dont certains colorés à la main, qui lui assureront revenus et notoriété.
Les dernières d’Émile Bernard
Durant la Grande Guerre, Émile Bernard s’adonne à la poésie, amorçant une ambitieuse trilogie, La divine épopée, retraçant les divers âges religieux de l’humanité.
Entre 1922 et 1924, Bernard séjourne à Venise, où il rédige un ouvrage consacré à Michel-Ange et réalise un cycle de quatre vastes toiles consacrées à la même problématique (La Construction du Temple, Les Héros et les dieux, Le Christ guérissant les malades et Le Doute), qui ne trouvent pas grâce aux yeux du public français.
Durant les années 1930, Émile Bernard séjourne à nouveau fréquemment en Bretagne, notamment à Pont-Aven, où il peint des fresques religieuses, écrit un roman régional et peint des toiles aux thèmes réalistes, rappelant sa première période.
Élu chevalier de la Légion d’honneur en 1936, il meurt à Paris en 1941 ; il est enterré au cimetière de Pantin.
Émile Bernard : un artiste aux multiples facettes
Artiste ambitieux, curieux et versatile, Émile Bernard – qui a publié plusieurs romans, volumes de poésies, chroniques et articles – a traversé diverses «périodes » picturales : pointilliste (Deux Bretonnes dans un pré, 1886), synthétiste (Femmes bretonnes devant un mur, 1892), orientaliste (L’Africaine, 1895), symboliste, néo-classique (Après le bain, 1908), etc.
Tenté d’abord par le paysage et les scènes de genre, puis par la fresque, un certain occultisme et finalement par l’art religieux, Émile Bernard est un remarquable portraitiste (il laisse une cinquantaine d’autoportraits, mais aussi des portraits saisissants de ses amis peintres) et un illustrateur au trait séduisant.
Combien vaut une œuvre d’Émile Bernard ?
Si Bernard a beaucoup produit, il a aussi beaucoup vendu : ses toiles sont donc plus rares qu’on pourrait croire, et ce sont surtout les plus confidentielles qu’on trouve sur le marché de l’art. Son tableau représentant Sept baigneuses a récemment été vendu à 81 000€. Le prix moyen des huiles disponibles tourne plutôt autour de 40 000€, tandis que dessins, eaux-fortes, fusains partent à des prix très abordables (entre 100 et 300€)
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