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Estimation et cote de l'artiste Erró
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Erró, la formation complète d’un jeune artiste
Gudmundur Gudmunson, dit Erró, est né à Ólafsvík en Islande en 1932. Attiré par les arts depuis sa plus tendre enfance, le jeune Gundmundur expliquera qu’il feuilletait souvent un catalogue des collections du MoMa de New-York, catalogue dans lequel il fait la découverte de l’art moderne, de sa déstructuration de la forme et de la couleur. Dès l’âge de douze ans, il se met à peindre. Guidé par sa passion naissante, Erró entre en 1949 à l’école des Beaux-Arts de Reykjavik. Comme Matisse, il se met à réaliser des oeuvres à partir de papiers découpés. Diplômé de l’institution où il gagne le titre de professeur en 1951, Erró poursuit son apprentissage en se spécialisant dans la gravure à l’école des Arts décoratifs et industriels d’Olso, puis à partir de 1954 aux Beaux-Arts de Florence, et dès l’année suivante à l’école de mosaïque de Ravenne. Erró élargit également son savoir en voyageant à travers l’Europe pour découvrir les joyaux de l’art occidental. En 1956 a lieu sa première exposition personnelle, à la Galleria Montenapoleone de Milan.
Erró à Paris, itinéraire d’un peintre attiré par le surréalisme
Erró visite la France, mais ce n’est qu’en 1959 qu’il s’y installe définitivement. L’année précédente, Erró répond au tract parisien surréaliste contre la bombe atomique (« Désarmez les physiciens, videz les laboratoires ») en réalisant une série de dessins, liant son nom à ce groupe artistique qu’il rencontre mieux après son installation à Paris, grâce à Jean-Jacques Lebel. À cette époque Erró se lance pleinement dans la réalisation de tableaux-collages. Dieter Roth, de Reykjavik, lui conseille en 1960 d’agrandir ses formats. Fort de ce conseil, et très impliqué dans la créativité des avant-gardes, Erró révèle à Venise en 1962 son manifeste « Mécanismo », où il définit la notion de « mécacollages », des collages mécaniques, similaires dans le procédé à l’écriture automatique ch!re aux surréalistes. Erró publie dans ce sillage des « poèmes mécaniques » et définit aussi une « mécascience ». Au début des années 1960, il est soutenu par la galerie Raymond Cordier à Paris.
Erró et la découverte du Pop Art
Pourtant, les oeuvres les plus connues d’Erró sont constituées d’une imagerie propre à la publicité et à la réalité industrielle des années 1960. En effet, en 1964, visitant les Etats-Unis, l’artiste change son mode de production, ayant découvert l’emploi et le détournement des images destinées à la culture de masse qu’opèrent les artistes pop. Ayant conservé le caractère joueur de ses années surréalistes, Erró réalise une série de tableaux-collages à partir de cartes postales du pape Jean XXIII qu’il nomme « Pope-Art », signant son entrée dans une nouvelle approche artistique. À cette époque de création intense, Erró est souvent aux Etats-Unis. Il réalise de nombreuses séries qui y rencontrent le succès (série « Forty seven Years » en 1967, série « American interiors » de 1968).
Erró, apogée et fin de carrière d’un enfant Pop
Erró participe à de multiples projets en France, en Europe et outre-atlantique. En 1975, il conçoit des collages pour le projet de réhabilitation du moulin Stuck, lancé par la Biennale de Venise. En 1976, l’artiste visite la NASA de Houston, une expérience dont il tirera sa série « spatiale ». Impliqué en politique, Erró réalise plusieurs collages sur le thème de l’armée chinoise durant les années 1970. La Galerie Le Dessin (de Paris) lui organise une première rétrospective dédiée aux tableaux-collages, en 1981. L’année suivante, Erró conçoit l’affiche de la Coupe du Monde. Puis il inaugure une fresque peinte sur un mur à Angoulême, et dont il a donné le projet. Dans les années 1980, Erró est sollicité par la Ville de Paris : en 1984, ses paysages et autres collages sont exposés à l’ARC 2. Il participe également à la décoration de la Cité des Sciences de Paris en 1986, puis en 1995, il conçoit le décor mural « Music scape » de l’auditorium des Halles. Désormais incontournable, Erró expose partout en France et ses oeuvres sont acquises par des institutions officielles (FRAC Franche-Comté, Mac-Val etc…). En 2000 à Marseille est présentée « Erró, images du siècle », une exposition dédiée à l’artiste. Une rétrospective de son travail a lieu en 2004, au musée National des Beaux-Arts de la Havane. Puis en 2010, c’est au Musée national d’art moderne de Paris qu’une exposition Erró est organisée, présentant « 50 ans de collages » du maître pop, ainsi qu’à Saint-Etienne, la même année, au Musée d’art moderne.
Erró est aujourd’hui représenté par la Galerie Emmanuel Perrotin. Il a 90 ans.
L’estimation des oeuvres de Erró
Certains des tableaux d’Erró appartenant à des séries célèbres atteignent des estimations allant jusqu’à 400 000 euros. En 2007, un tableau « comicscape » de 1971, huile sur toile de 200 x 300 cm, a réalisé l’enchère record de 720 000 euros hors frais à Paris. Ses tableaux peints (nés de l’agrandissement de projets de collages) de grande dimension se vendent généralement entre 50 000 et 200 000 euros. Pour des oeuvres de plus petite taille ou de complexité moindre dans les compositions et juxtapositions d’images, moins de 50 000 euros. Les dessins et collages d’Erró, plus rares sur le marché, réalisent des prix d’adjudication moins élevés. Quant aux estampes d’Erró, il faut compter entre quelques centaines d’euros et 2 000 euros, en général, par pièce.
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