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Estimation et cote de l'artiste François-Émile Décorchemont

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François-Émile Décorchemont : une naissance placée sous le signe des arts manuels

François-Émile Décorchemont est né à Conches en 1880 dans une famille d’artistes originaire d’Écorchemont dans l’Eure. Son père, Émile Décorchemont, est issu d’une lignée de sculpteur sur bois, et il est lui-même sculpteur statuaire et professeur à l’école des Arts Décoratifs de Paris. Il fut aussi collaborateur du grand peintre Jean-Léon Gérôme. Du côté maternel, le grand-père de François-Emile est artiste autodidacte, très engagé pour le rayonnement du patrimoine de l’Eure. Sa famille déménage à Paris, et en 1895, après ses études générales, Décorchemont s’inscrit à l’Ecole des arts décoratifs de Paris, où il rencontre notamment Henri de Waroquier, Maurice Dufrêne ou Georges Bastard, dont il se fait l’ami proche. Pour l’instant, le jeune artiste suit le conseil de Jean-Léon Gérôme, et se fait peintre de paysages. Il expose entre 1898 et 1907 au Salon des artistes français, section peinture. 

François-Émile Décorchemont et les arts décoratifs : vers la pâte de verre

Pourtant, Décorchemont est attiré par les arts décoratifs, objet de sa formation, et en parallèle de la peinture il commence à se spécialiser dans la céramique. Malgré des débuts décevants (irrégularités, vases fendus), Décorchemont devient membre actif de la Société des Artiste Décorateurs en 1902. C’est à partir de 1903 que Décorchemont se met à travailler le verre en autodidacte, et à présenter ses créations au Salon des artistes français chaque année. Alors que son verre était un peu grisâtre, en 1905, il met au point une pâte de verre totalement translucide et vitrifiée. C’est un tournant majeur dans l’art du verre par Décorchemont. Sa palette s’égaie, et ses motifs végétaux se naturalisent. Le succès est au rendez-vous, et on retrouve le verrier dans diverses expositions, notamment celle de Bucarest ou celle de Milan en 1906 durant laquelle un grand prix lui est décerné. En 1907, fort de ses progrès dans la pâte de verre, Décorchemont abandonne la peinture, qu’il pratiquera dans un cadre personnel toutefois. Il conserve son atelier parisien comme point de vente et s’installe à Conches où il édifie un nouveau four pour travailler le verre. La maison Rouard devient l’un de ses principaux diffuseurs dès 1907. 

La nouvelle matière de François-Émile Décorchemont

Toute sa vie, François Décorchemont participe à de multiples expositions, de Nancy à Tokyo, Bruxelles ou Turin, en passant par Paris, son salon d’automne et son Salon des artistes décorateurs, où il sera exposé de 1908 à 1942. S’intéressant à la technique de la fonte à la cire perdue, normalement appliquée au bronze, Décorchemont expérimente le moulage du cristal et du verre. En 1912 il présente ses premiers « vases épais nouvelle matière » liés à cette technique, qui remplaceront désormais les pâtes de verre fines. Plus sculpturaux et translucides, ses ouvrages sont plus prisés encore que les précédents. Régulièrement, il expose avec Lalique, Bastard, Dunand, Clément Mère ou Lenoble à la galerie Rouard, dans le groupe des Artisans français contemporains. Malgré l’arrivée de la guerre, les expositions des oeuvres de Décorchemont (mobilisé jusqu’en mars 1919) se succèdent. 

François-Émile Décorchemont, grand nom de l’Art Déco

En 1925, il participe au projet de Rulhmann, le pavillon de « l’Hôtel du collectionneur » présenté à l’Exposition internationale de Paris, à celui de l’ambassade française, mis en place par la Société des Artistes décorateurs, un salon où il a été nommé vice-président de la section verre ; un triomphe total. Son vase aux serpents est acquis par le Metropolitant Museum, déjà acquéreur de quelques-unes de ses pièces. La carrière de Décorchemont est encore accélérée par le succès de l’exposition, et s’ouvre totalement au monde. Son style, robuste, à pans coupés, de plus en plus stylisé, consacre la gloire du style Art Déco, dont il est l’une des étoiles françaises. Décorchemont, malgré la crise de 29, expose au MoMa, au Palais Galliera et dans d’autres monuments dévoués aux arts appliqués. En 1933, malgré quelques problèmes financiers, Décorchemont se lance dans le vitrail. En 1934, il travaille à la réalisation des vitraux de l’église Sainte-Odile à Paris, chantier terminé en 1938. En 1935, c’est la chambre de Commerce d’Evreux qui lui commande un vitrail. En 1937, à l’exposition unvierselle, Décorchemont expose au pavillon de la céramique, tandis que ses vitraux sont exposés au pavillon de la Société des artistes décorateurs, au pavillon du vitrail et au pavillon de la Normandie. Décorchemont reçoit un diplôme d’honneur pour le vitrail et un grand prix pour la verrerie, se voyant ainsi consacré comme l’un des plus grands verriers de l’Art Déco. En 1942, malgré la guerre, il réalise 4 panneaux de verre pour l’autel de l’église de Pacy-Sur-Eure. Puis entre 1943 et 1945 l’activité cesse, faute de combustible. Dans les années 50 et 60, de nombreux édifices religieux lui commandent des vitraux. Plus tard, avec la redécouverte de l’art Nouveau en vogue, Décorchemont se remet à créer des oeuvres en pâte de verre fine, semblables à ses essais des années 1900. 

Il meurt en 1971. 

L’estimation des oeuvres de François-Émile Décorchemont

A Paris, en 2021, un vase daté 1921 en pâte épaisse moulée à la cire perdue, aux tonalités rouges, de petit format (25,5 cm x 22 cm), s’est vendu pour 60 000 euros hors frais. C’est le record pour un vase de François Décorchemont. Plusieurs vases et coupes de l’artistes vendus entre 2020 et 2021 ont réalisé des prix similaires. Les verres et coupes de plus petit format oscillent entre 2 000 et 20 000 euros d’estimation selon la date, la qualité d’exécution, l’épaisseur du verre. La cote de Décorchemont est en hausse. Ses peintures ne dépassent pas les 5 000 euros d’estimation (estimation haute). 

(Illus.) Gaillon – Crucifixion 1954 François Décorchemont – 5 panneaux

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