Estimation et cote de l'artiste Jacques Lipchitz

Chaim Jacob Lipchitz (1891-1973), dit Jacques, est un sculpteur d’origine lituanienne, actif en France à partir de 1924, avant d’émigrer aux Etats-Unis en 1941. Artiste cubiste puis baroque, il privilégie les sujets religieux et mythologiques.

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Les années de formation de Jacques Lipchitz

Jacques Lipchitz naît dans une famille juive aisée en Lituanie (alors appartenant à l’Empire russe). Après des études à Vilna à l’Ecole des Beaux-Arts, il part à Paris en 1909, et s’installe à la Ruche à Montparnasse. L’artiste suit un enseignement traditionnel à l’Ecole des Beaux-Arts, dans l’atelier de Jean-Antoine Injalbert, qu’il complète au sein de l’Académie Julian et de l’Académie Colarossi. Il suit par ailleurs des cours Boulevard du Montparnasse, près de l’atelier de Constantin Brancusi.

En parallèle de sa formation théorique, Jacques Lipchitz fréquente assidûment les musées. Il est fasciné par les sculptures scythes qu’il découvre à l’Hermitage en 1911, et par la sculpture africaine.

Le sculpteur est rappelé en Russie pour son service militaire en 1912-1913. Jusqu’à cette date, les œuvres de Jacques Lipchitz sont naturalistes et figuratives. Ses premiers nus et portraits, en 1910-1912, s’inspirent de l’art d’Aristide Maillol, de Charles Despiau, ainsi que de la tradition classique et médiévale.

Jacques Lipchitz, artiste cubiste

Proto-cubisme (1913-1914)

A partir de 1913, Jacques Lipchitz fréquente l’Avant-garde parisienne, et développe grâce à ces nouvelles stimulations un style proto-cubiste. Ami de Chaïm Soutine, Amedeo Modigliani, Alexander Archipenko, et Max Jacob, il rencontre Pablo Picasso cette année-là.

Jacques Lipchitz abandonne alors le naturalisme pour un style plus géométrique, empreint des influences de ses amis de l’Avant-garde artistique, ainsi que de la sculpture égyptienne et africaine. A cette période, la géométrisation des formes de ses sculptures est cependant plus stylistique que structurelle.

Cubisme structurel (1915-1925)

Rapidement, sous l’influence de ses amis Constantin Brancusi et Amedeo Modigliani, Jacques Lipchitz adopte également une conception cubiste de la structure de ses sculptures. Ce processus est sensible dans Tête (1915).

Ce nouveau style vaut à Jacques Lipchitz un contrat avec la galerie Rosenberg dès 1916. Il réalise une série de sculptures qui y sont exposées en 1920.

A partir de 1918, le sujet des œuvres de Jacques Lipchitz devient secondaire. Il s’agit désormais pour lui d’un prétexte pour explorer la construction de l’espace et l’architecture des volumes. La sculpture est pour Jacques Lipchitz un jeu de plans et volumes déployés dans l’espace. En cela, il traduit en volume les préoccupations de ses amis peintres cubistes.

Le docteur Barnes, enthousiasmé par ses œuvres, commande à Jacques Lipchitz une série de cinq bas-reliefs pour sa fondation en 1922.

La période baroque de Jacques Lipchitz (1925-1973)

Après une décennie consacrée à l’étude analytique des volumes, Jacques Lipchitz entre en 1925 dans une phase de création qualifiée de baroque.

Il souhaite alors donner davantage d’expressivité aux volumes de ses œuvres. Les œuvres, tout en arabesques, se font plus organiques. Cette évolution correspond au besoin ressenti par Jacques Lipchitz d’exprimer davantage les sensations, plus que d’étudier les formes.

Il est peut-être encouragé dans cette direction par Alexander Archipenko, Pablo Gargallo, et Julio González.

Cette transformation est perceptible dans sa série des Transparences, ou encore dans Le couple (1928-1929) ou Le Fils prodigue (1928-1929).

Les sujets de ses œuvres évoluent au gré des événements politiques. Lorsqu’Adolphe Hitler arrive au pouvoir, et face à la montée de l’antisémitisme, Jacques Lipchitz accorde davantage d’importance aux sujets bibliques et mythologiques.

Prométhée (1937), œuvre présentée à l’Exposition internationale de Paris de 1937, incarne les évolutions du style de Jacques Lipchitz dans les années 1930. Le sujet, qui symbolise la démocratie, constitue une dénonciation du nazisme. Formellement, l’œuvre incarne son principe selon lequel la sculpture doit constituer un contrepoint à l’architecture.

Jacques Lipchitz fuit l’occupation allemande lors de la Seconde guerre mondiale en s’installant à Toulouse, puis en émigrant aux Etats-Unis en 1941. Après quelques années à New-York, il ouvre finalement un atelier à Hastings-on-Hudson en 1950.

Aux Etats-Unis, Jacques Lipchitz réaffirme la dimension baroque de ses créations. Il réalise des sculptures organiques, qui privilégient les formes ovoïdes pour leur symbolique matricielle. Ses œuvres sont souvent hérissées d’épines et de lianes, comme Printemps (1942).

A partir de 1947, Jacques Lipchitz expérimente également les créations « semi-automatiques ». Pour imaginer de nouveaux motifs, l’artiste jette de la cire chaude dans un bassin d’eau. Les formes ainsi créées lui inspirent de nouvelles formes.

A partir des années 1950, la renommée de Jacques Lipchitz croît, et il obtient des commandes majeures aux Etats-Unis, en Europe, et en Israël. L’artiste participe également à de nombreuses expositions, notamment à deux reprises à la documenta de Cassel, en 1959 et en 1964. A cette période, ses bronzes sont fondus dans la fonderie Tommasi à Pietrasanta en Italie. C’est à Capri qu’il meurt en 1973.

La cote des œuvres de Jacques Lipchitz

La cote des œuvres de Jacques Lipchitz a bénéficié de l’intérêt croissant des collectionneurs pour la sculpture cubiste. Bien qu’elle soit plus mesurée que celles des principaux représentants de ce mouvement, elle a néanmoins connu une hausse de 20% depuis 2000.

Les sculptures de l’artiste s’échangent généralement pour 10 000 à 500 000 €, et les records oscillent entre 1 000 000 et 2 000 000 €. La vente historique de Jacques Lipchitz a eu lieu à New York, en 2013, avec l’adjudication pour 1 630 640 € (2 200 000 $ ) de la Femme au serpent (1913).

Jacques Lipchitz, La Joie de vivre (1927), musée d’Israël à Jérusalem.

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