Joseph Kosuth, un maître de l’art conceptuel

Pierre Savigny de Belay (dit Pierre de Belay) est un artiste peintre, aquarelliste, dessinateur et graveur, né à Quimper. Il se distingue par son attachement à la fois à Paris et à la Bretagne.

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Formation et débuts de l'artiste Joseph Kosuth

Entre 1955 et 1962, Joseph Kosuth étudie au Toledo Museum School of Arts, avant de poursuivre sa formation au Cleveland Art Institute, puis au sein de la School of Visual Arts de New York entre 1965 et 1967. A vingt ans seulement, il réalise One and Three Chairs (« Une et trois chaises », 1965, Centre Pompidou), une installation qui associe une chaise en bois à sa photographie et à sa définition issue du dictionnaire. Fondatrice de l’art conceptuel, cette réalisation permet d’approcher un objet par trois biais différents, afin d’en exprimer le concept. L’année suivante, Marcel Duchamp – une semaine avant sa mort – fait accorder à Joseph Kosuth une bourse de la Cassandra Foundation. Joseph Kosuth approfondit par la suite ses recherches sur les rapports unissant art, langage et philosophie. Il participe au journal Art-Language (fondé par le groupe Art & Language réunissant les artistes Michael Baldwin, Terry Atkinson, Harold Hurrell et David Bainbridge) et en devient l’éditeur américain. En 1971, Joseph Kosuth étudie la philosophie et l’anthropologie à la New School for Social Research de New York.

L’Art après la philosophie : vers une théorie de l’art contemporain

Mais dès 1969, il aura donné un fondement théorique à l’art conceptuel dans l’important article L’Art après la philosophie (« Art after philosophy » I et II).Constatant d’abord que la philosophie du XX° siècle, après Hegel, s’est bornée à paraphraser sa propre histoire et ses propres fondements, échouant à appréhender la « chose en soi » et l’indicible, Joseph Kosuth postule qu’elle se voit désormais remplacée par l’art, tel qu’il est envisagé depuis Marcel Duchamp – c’est-à-dire par l’art conceptuel (« tout l’art après Duchamp est conceptuel »).Conçue comme une prospective, l’activité artistique doit suivre la voie analytique en abandonnant l’approche esthétique. Les considérations esthétiques étant toujours étrangères à la fonction ou à la « raison d’être » d’un objet, Joseph Kosuth estime « nécessaire de distinguer l’esthétique de l’art parce que l’esthétique porte sur des opinions relatives à la perception du monde en général. Par le passé, l’un des deux axes de la fonction de l’art était sa valeur décorative. Aussi, toute branche de la philosophie qui traitait du « beau », et donc du goût, se devait par la même occasion de débattre de l’art. C’est de cette « habitude » qu’est née l’idée selon laquelle il existerait un lien conceptuel entre art et esthétique, ce qui est faux. » La position analytique de Kosuth implique que toute œuvre présentée dans un contexte artistique constitue un commentaire sur l’art – mais aussi, par conséquence, sur le langage et la pensée. Dans la lignée de Duchamp et de sa fameuse Fontaine (1917), Joseph Kosuth élargit le domaine d’application de l’art (tout objet peut y être inclus), ainsi que son rôle. La conclusion de l’article ne laisse planer aucun doute sur cette ambition : « l’art présente des similitudes avec la logique, les mathématiques, mais aussi avec la science. Mais, alors que ces autres disciplines sont utiles, l’art, lui, ne l’est pas. L’art, en effet, n’existe que pour lui-même. Dans cette période de l’humanité, après la philosophie et la religion, il se pourrait que l’art constitue une tentative pour satisfaire ce qu’on aurait jadis appelé « les besoins spirituels de l’homme ». La seule revendication de l’art, c’est l’art. L’art est la définition de l’art. »« Art as art » devient en quelque sorte la devise de Joseph Kosuth.

L’art de Joseph Kosuth : son évolution, ses différentes facettes

Conscient de la nature tautologique de cette proposition, Joseph Kosuth, dans ses réalisations, tend à réduire la place de l’objet artistique au profit de ce qu’il donne à percevoir, à penser, à provoquer. Art as Idea as Idea (1966) prend la forme d’un simple texte proposant la définition du mot… définition. D’abord chantre de l’installation, Kosuth passe ensuite à des techniques plus abstraites, faisant un large usage du néon : Four colours Four Words (1966) décline les quatre mots du titre en néons de quatre couleurs (rouge, indigo, vert, bleu). Les références littéraires abondent, élargissant le champ de l’imaginaire et celui de l’analyse : Quoted Use #2, Samuel Beckett’s Telephone (1964) présente un téléphone en bakélite dont le silence évoque l’écriture de Samuel Beckett ; Nineteen Eighty-Four (Orwell) #1 donne à lire – en néon bleu – les mots « Any message ? », en référence au célèbre 1984 de George Orwell, anticipation d’une société totalitaire basée sur la transparence (le même tableau sera décliné en diverses langues et divers coloris). Quant à Information room (Special investigation), datée de 1970, il s’agit de l’un des premiers exemples d’installations interactives, offrant l’aspect d’un bureau couvert de livres et de journaux, où le visiteur est invité à s’installer afin de poursuivre ses propres recherches.

L’estimation des œuvres de Joseph Kosuth

La cote d’un artiste vivant est sujette à des variations inattendues et à une évolution rapide.Joseph Kosuth ayant utilisé une infinité de médiums et de formats (du simple encart à toute une salle aménagée), le prix de ses œuvres varie à l’avenant.On peut trouver un Ex libris de Joseph Kosuth à 500€, mais ses lithographies (ou œuvres reproductibles) peuvent atteindre les 150 000€.Pour une photo, il faut compter entre 350 et 120 000€, et ses sculptures peuvent atteindre les 200 000€.

(Illus.) Joseph Kosuth

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