Estimation et cote de l'artiste Lubin Baugin

Lubin Baugin (1612-1663) est un artiste du classicisme français, et plus précisément de l’atticisme parisien. Redécouvert au XXeme siècle après être tombé dans l’oubli, sa vie et sa carrière sont encore vêtues de nombreuses parts d’ombres.  

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Lubin Baugin, un peintre provincial à Paris

Né dans une famille aisée du Loiret, Lubin Baugin se serait formé auprès des peintres de l’Ecole de Fontainebleau, spécialisés dans les décors intérieurs et à l’origine d’une interprétation mesurée, à la française, du maniérisme. S’engageant dans la peinture, l’artiste rejoint Paris dès 1628-1629.

Dans la capitale, Lubin Baugin rencontre des premiers obstacles. En raison de son origine provinciale, l’artiste ne peut pleinement intégrer les circuits de la vie artistique. Il lui est interdit d’entrer dans la confrérie des peintres parisiens, et de se mesurer aux sujets les plus valorisés dans la hiérarchie des genres picturaux, tels que la peinture d’histoire et religieuse.

Lubin Baugin s’installe alors dans l’enclos de l’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés aux côtés d’autres peintres provinciaux tels que les Frères Le Nain. L’artiste est reçu comme maître peintre de la corporation et réalise, aux côtés de ses compères, des tableaux destinés à orner les intérieurs privés.

Dans ce contexte, Lubin Baugin conçoit les premières peintures, parvenues jusqu’à nous. Entre en 1630 et 1635, il peint quatre natures mortes qui témoignent de son style singulier. Dans Coupe de fruit, on distingue déjà la grande sobriété qui le caractérisera, ainsi que son goût pour les formes géométriques.

Lubin Baugin, des influences italiennes

A priori soutenu par sa famille, Lubin Baugin réalise un voyage en Italie à l’image de nombreux de ses contemporains. Si peu de documentation existe sur son voyage, il semblerait que Lubin Baugin y séjourne entre 1632 et 1640.

Son mariage avec la Romaine Brigitte d’Asté, ainsi que ses deux tableaux religieux copiés des fresques de l’église Saint-Jean l’Evangéliste de Parme, attestent factuellement de son passage. Mais c’est sans doute l’influence des maîtres italiens, tels que Parmesan et surtout Raphael, sur ses œuvres postérieures qui constitue la meilleure preuve.

De retour à Paris, Lubin Baugin obtient un brevet de peintre du roi, et se consacre à des toiles de sujets religieux. Il peint de nombreux tableaux de la Sainte Famille et de Vierge à l’enfant, qui épousent le classicisme épuré et paisible de Raphael. Les peintures de Lubin Baugin de cette époque sont caractéristiques de l’atticisme parisien, défini comme la période sobre et austère du classicisme français. Lubin Baugin ne cessera d’aller vers un style de plus en plus sobre et austère, dépouillé.

Lubin Baugin produira surtout des tableaux destinés à une clientèle privée. Réalisés sur des panneaux de bois et de petit format, ses peintures religieuses réjouissent les familles parisiennes aisées. En parallèle, l’artiste recevra également des commandes officielles, telles que des retables et décors sacrés, pour la chapelle de la Congrégation des Nobles ou encore celles de Notre Dame. En 1651, il entrera à l’Académie royale de peinture et de sculpture, un signe de la reconnaissance de ses paires.

Lubin Baugin, un artiste oublié du classicisme français

A son décès, Lubin Baugin sombre dans l’oubli. Il est redécouvert en deux temps au cours du XXeme siècle.

En 1934, l’exposition « Peintres de la réalité en France au XVIIeme siècle », réalisée par les historiens d’art et critiques Paul Jamot et Charles Sterling au musée de l’Orangerie, permet la redécouverte de nombreux peintres classiques. Aux côtés des tableaux de Georges de la Tour, c’est deux tableaux de nature morte de Lubin Baugin que découvre alors le public français.

En 1963 ensuite, la peinture religieuse et historique de Lubin Baugin se retrouve à son tour dévoilée. L’historien de l’art et collectionneur Jacques Thuiller lui consacre pour la première fois un article dans la revue L’œil.

Au début des années 2002, les institutions reconnaissent enfin Lubin Baugin à sa juste valeur, comme l’atteste l’exposition « Lubin Baugin, un grand maître enfin retrouvé », tenue au musée des Beaux-Arts d’Orléans puis au musée des Angoulins de Toulouse, ainsi que la monographie de l’artiste signée par Jacques Thuillier.

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Parmi les rares tableaux de Lubin Baugin présents sur le marché de l’art, on retrouve exclusivement de la peinture religieuse. Les premiers prix débutent autour de 5 000-6 000 euros, mais s’élèvent en moyenne entre 20 000 et 50 000 euros. Certaines œuvres exceptionnelles de Lubin Baugin atteindront des sommes bien supérieures, entre 120 000 et 240 000 euros.

(Illus.) Nature morte à la chandelle, 1630, huile sur toile, Galleria Spada, Rome

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