Estimation et cote de l'artiste María Blanchard, une femme peintre espagnole sur les traces du cubisme

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Estimation Pierre Savigny de Belay

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María Blanchard, de l’Espagne à Paris : itinéraire d’une jeune peintre moderniste

María Blanchard est née à Santander en Espagne en 1881, d’un père espagnol directeur de journal et d’une mère franco-polonaise, dont elle choisira de conserver le patronyme de Blanchard. Elle est atteinte de nanisme, doublé d’une grave cypho-scoliose qui lui déforme la colonne vertébrale, et sera sa vie durant bossue et percluse de douleurs physiques. Les moqueries d’enfants font d’elle très tôt une jeune fille émotive et timide, qui se replie dans la peinture et en explore toutes les modalités d’expression. En 1902 elle s’installe à Madrid où elle étudie un art plutôt académique, sous la férule de Sotomayor, Emilio Sala et quelques autres peintres qui se laissent toutefois séduire – dans des mesures très contrôlées – par la peinture d’avant-garde et révisent légèrement leur vocabulaire pictural en en modernisant quelques aspects.

María Blanchard à l’assaut de Paris (1909-1913) : naissance d’une peintre cubiste

Forte de cette éducation artistique, Blanchard se fait remarquer lors de l’exposition nationale des Beaux-Arts à Madrid et gagne une bourse en 1909, décernée par la ville de Santander. La jeune peintre part alors pour Paris, centre européen du modernisme et des avant-gardes. S’y déploient notamment le cubisme de Georges Braque et Pablo Picasso, ainsi que le fauvisme, emmené par ses trois hérauts, Henri Matisse, André Derain et Maurice de Vlaminck. Ces deux mouvements influenceront la jeune espagnole, surtout le cubisme.À Paris, María Blanchard ne cesse pas d’étudier : elle fréquente l’académie Vitti, où elle a pour maîtres (entre autres) Kees Van Dongen et l’espagnol Anglada Camarasa, puis elle entre à l’académie Vassilieff. Van Dongen et Camarasa lui font connaître Diego Rivera, une rencontre importante qui va marquer la phase suivante de sa vie de peintre.

Un bref retour en Espagne avant l’établissement définitif à Paris de María Blanchard

La guerre met un terme temporaire à son activité parisienne, et María Blanchard rentre en Espagne, où le succès ne semble pas être au rendez-vous. Titulaire de la chaire de dessin à Salamanque où elle vit pendant quelques mois, elle retrouve vite Madrid. Plusieurs événements importants marquent pourtant cette période espagnole en demi-teinte : Blanchard partage momentanément un atelier avec le peintre Diego Rivera qu’elle a connu lors de son séjour parisien. Elle fréquente le café de Pombo chers aux amis du peintre Ramón Gómez de la Serna, diffuseur du cubisme en Espagne. Ce dernier la fait participer à l’exposition Pintores integros (peintres intègres) qui contribue à faire connaître le modernisme et le cubisme dans son pays. En 1914, elle rencontre le sculpteur Jacques Lipchitz, très influencé par le cubisme. Dès 1916, elle décide de rentrer en France.

L’adhésion au cubisme de María Blanchard et le retour à l’ordre

Dès lors, l’adhésion de Blanchard au cubisme est totale. Guidée par son ami Juan Gris et le galeriste Léonce Rosenberg qui l’expose à la galerie L’Effort Moderne, elle développe un style tiré du cubisme analytique. María Blanchard gravite autour de nombreux artistes qui s’inscrivent dans le sillage du cubisme, souvent mâtiné des couleurs pures du fauvisme de Matisse. Elle est notamment liée au groupe de la Section d’Or, et fréquente surtout Jean Metzinger, avec qui elle partage une vision colorée et une géométrisation lisible du cubisme initié par Braque et Picasso. André Lhote est aussi l’un de ses fidèles compagnons de route. Metzinger et Juan Gris sont sans doute les artistes de l’avant-garde à Paris qui ont le plus influencé la peinture de Blanchard. Pourtant, elle va s’éloigner peu à peu de la géométrisation du monde observée par les post-cubistes.La figure humaine est toujours centrale chez Blanchard, même dans au coeur de sa période la plus géométrique. Dans les années 1920, elle opère, comme beaucoup d’artistes dont Pablo Picasso lui-même, un « retour à l’ordre » en revenant à une figuration plus claire, et privilégie les personnages solitaires. Son tableau La Communiante, peint sept ans avant, est présenté en 1920 au Salon des indépendants, et annonce cette nouvelle phase : tonalités métalliques, personnage solitaire, atmosphère austère. Dans ces peintures assagies de la peintre espagnole, les jeunes femmes, les mères et les enfants se rapprochent parfois dans leur traitement de l’esthétique de Foujita, mais toujours ses compositions se ressentent de l’influence passée du cubisme. Soutenue par un mécène, Franck Flauch, elle s’éloigne des soucis financiers et peut s’adonner à la peinture sans plus se préoccuper du matériel, qui lui a tant de fois fait défaut au cours de sa vie d’artiste.Mais en 1927, son ami Juan Gris meurt et la laisse dans une mélancolie dont l’artiste ne se remettra jamais. Elle se replie dans la religion, ce dont témoignent ses choix iconographiques des années 1927-1930. Atteinte de tuberculose, María Blanchard s’éteint en 1932. Elle laisse pour seule élève Jacqueline Rivière.

L’estimation des oeuvres de María Blanchard

La cote de l’artiste semble en berne depuis une petite décennie. Il n’en demeure pas moins que le travail de María Blanchard connaît encore des pics dans les ventes aux enchères. Qu’en est-il des estimations ? Si les toiles cubistes de María Blanchard sont les plus prisées, celles datées de sa phase de « retour à l’ordre » dans les années 1920 connaissent également un grand succès. Les estimations pour les plus belles oeuvres cubistes de la peintre espagnole s’étalent entre 200 000 et 350 000 euros, tandis que pour ses personnages plus tardifs, les prix s’échelonnent plutôt entre 25 000 et 130 000 euros selon les sujets, la taille de l’oeuvre et son traitement.

Ses dessins se font rares en vente. Peu nombreux sont ceux qui sont apparus sur le marché de l’art depuis les années 2000. Ils se divisent en deux catégories. Les pastels aux teintes métalliques de l’artistes, représentant un personnage, peuvent se vendre jusqu’à 100-150 000 euros, s’ils sont conçus comme des créations complètes. Les pastels esquissés se situent dans une fourchette allant de 2000 à 15 000 euros. Les prix sont plus abordables pour les esquisses plus simples.

(Illus.) María Blanchard, Maternité, 1924, Musée d’art et d’industrie de Roubaix.

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