Estimation et cote de l'artiste Toyen

La cote de l’artiste tchèque du surréalisme et de ses peintures mélancoliques. Découvrez le parcours de la peintre tchèque surréaliste Marie Čermínová, dite Toyen. Besoin d’une expertise concernant Toyen ? Contactez l’équipe d’Estimonobjet ! 

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Marie Čermínová, alias Toyen, une jeune artiste engagée à Prague : l’artificialisme conçu avec Jindrich Styrsky

Toyen est née à Prague en 1902 sous le nom de Marie Čermínová. La jeune femme est précoce, et très rapidement attirée par le domaine artistique. Toyen étudie à l’Ecole des arts appliqués de Prague. Profondément engagée, au début des années 1920, Toyen s’éloigne de sa famille et rejoint en 1923 le groupe anarchiste d’avant-garde « poétiste » Devěstil. Devěstil est un groupe d’artistes et de poètes qui repensent les liens entre les arts et la vie. Toyen, qui prend ce nom d’artiste en 1923, en hommage au mot français « citoyen », s’écarte de son premier style, tourné vers le cubisme, pour s’ouvrir à ce que les historiens pensent comme une préfiguration de l’abstraction lyrique, ce courant moderne des années 50, porté en France par Georges Mathieu, Hans Hartung, Gérard Schneider ou Pierre Soulages. Toyen fait dans le groupe Devěstil une rencontre déterminée à changer sa vie : le peintre Jindrich Styrsky, avec lequel elle réinvente son vocabulaire pictural pour atteindre ce que les deux artistes conçoivent sous le nom d’ « artificialisme », cette préfiguration de l’abstraction lyrique qui, pour Toyen, porte en lui le sens d’une identification totale entre poète et peintre. 

Toyen à Paris et la fondation du surréalisme tchèque

Toyen et Jindrich Styrsky se lancent avec l’artificialisme dans une idée de la peinture comme retranscription des émotions et de la sensibilité intérieure par la couleur et la ligne, qui font écho en France au Surréalisme dont André Breton a défini les intentions en 1924 dans le Manifeste du surréalisme. Désireuse de travailler sur l’érotisme, Toyen revient aussi à la figuration, conservant tout de même son attrait pour la conception introspective de la peinture. Dix ans plus tard, en 1934, c’est donc en toute logique que Toyen, Jindrich Styrsky et quelques poètes dont Karel Teige fondent le groupe du surréalisme tchèque. Avant cela, en 1925, Toyen et Jindrich Styrsky font le voyage à Paris ; ils se lient avec les surréalistes, dont André Breton, Paul Eluard et Philippe Soupault. 

Une exposition leur est consacrée à la galerie Vavin. En 1929, Toyen et Strinsky sont de retour à Prague. Après la fondation du surréalisme tchèque, Eluard et Breton sont invités en 1935 à Prague pour en célébrer la naissance, et viennent rendre visite à Toyen, qui expose la même année à Tenerife, lors de l’Exposition internationale du surréalisme. L’oeuvre de Toyen prend une tournure résolument onirique, célébrée dans une monographie de l’artiste signée Teige, Nezval et Vitezslau, les trois poètes du groupe surréaliste tchèque, en 1938.

Toyen contre les régimes de l’est : de Prague à Paris

Durant la Seconde Guerre Mondiale, Toyen l’engagée ne peut plus exposer publiquement, à l’heure où l’Allemagne envahit la Tchéquie. Toyen fait de la résistance : elle cache le poète juif Jindrich Heisler, et continue son oeuvre dans un cycle de dessins horrifiques (notamment la série « Tir »). Elle illustre également les poèmes de son protégé Heisler. Un coup dur pour Toyen se produit en 1942 avec la mort de son acolyte de l’artificialisme et du surréalisme, Jindrich Styrsky. À la sortie de la guerre, Toyen se remet à exposer à Prague. Son univers, déjà mélancolique, se teinte d’un voile d’étrangeté triste. Toyen met en scène des paysages dévastés, des fleurs vénéneuses et des insectes carnivores, un univers d’autophagie et de danger reflétant les horreurs de la guerre. Fuyant le régime totalitaire qui s’installe en Tchécoslovaquie, Toyen et Jindrich Heisler viennent s’installer définitivement à Paris en 1948. L’artiste rejoint André Breton et les surréalistes, et expose désormais à leurs côtés, participant à toutes les manifestations du groupe parisien. 

Toyen, inquiétante étrangeté d’une artiste singulière

À Paris, Toyen explore dans sa peinture les thèmes de la féminité et du désir, représentés par le monde félin, et toujours, les angoisses liées à la guerre. Dans certaines séries, on retrouve la nostalgie de l’artiste pour Prague, sa ville natale, celle du vieux cimetière juif et des alchimistes, des vieilles bicoques populaires et de la philosophie. L’artiste expose en 1953 à la galerie Denise René, qui reçoit aussi la nouvelle génération des artistes de Paris, celle de l’abstraction lyrique dont l’artificialisme de Toyen et de Jindrich Strinsky avait été le précurseur praguois. André Breton signe la préface du catalogue. 

En 1955, c’est Charles Etienne qui préface le catalogue de l’exposition de Toyen à la galerie L’Etoile scellée. Toyen se lie dans les années 1960 à Annie Le Brun, héritière du surréalisme (mouvement qui s’éteint en 1969) et femme engagée pour la liberté et le féminisme. Toyen illustre son recueil poétique Sur le Champ en 1967. Annie Le Brun est mariée au poète croate Radoan Ivsic qui fonde les éditions Maintenant, et Toyen va devenir l’une des illustratrices les plus prolixes des éditions Maintenant dans les années 1970. Toyen est morte à Paris en 1980.

Faire estimer gratuitement une oeuvre de Toyen

À Prague en 2021, le record d’enchères pour une oeuvre de Toyen a été atteint pour une huile sur toile, « Cirkus » de 1925, oeuvre de la première phase cubiste de l’artiste, pour plus de 2 millions 500 000 euros hors frais. Plusieurs de ses oeuvres ont été adjugées ces vingt dernières années pour plus d’un million d’euros hors frais, des oeuvres de jeunesse issues du mouvement cubiste comme des oeuvres surréalistes, notamment des paysages désertiques peuplés de formes étranges qui font penser aux tableaux d’Yves Tanguy. 

Les dessins de Toyen connaissent des estimations plus basses que ses peintures. En 2021, à Prague, un dessin sans titre (aquarelle et gouache sur papier) a atteint les 95 000 euros hors frais. Quant à ses estampes, elles ne dépassent pas aujourd’hui les 12 000 euros d’estimation. Vous souhaitez faire expertiser une oeuvre de Marie Čermínová, dite Toyen et recevoir son estimation. Faites estimer une oeuvre de Marie Čermínová, dite Toyen, et recevez une réponse sous quelques jours. C’est gratuit, et totalement confidentiel. 

(Illus.) Toyen

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