Estimation et cote de l'artiste Jean Derval

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Jean Derval, premiers pas dans l’art avec Roger Capron, et l’aventure de la céramique à Saint-Amand-en-Puisaye

Jean Derval est né à Châtillon-su-Indre en 1925. Sa famille s’installe à Gagny, près de Paris, où le jeune Derval découvre le dessin et le graphisme grâce à son professeur d’école. En 1938, après l’obtention du certificat d’études, Jean Derval entre en préparation du concours d’entrée à l’École des arts appliqués à l’industrie, et c’est à ce moment qu’il rencontre Roger Capron et Robert Picault, deux autres grands futurs céramistes de Vallauris, qui partageront la vie et la passion artistique de Derval. Jean Derval étudie 4 ans le graphisme publicitaire dans cette école sous la férule du designer de produits Max Ponty. En 1942, à peine diplômés, Jean Derval et Roger Capron sont recrutés par le Commissariat général à la jeunesse comme moniteurs de loisirs culturels, réalisent des fresques à Saint Quentin et Beauvais, puis sont rapatriés à Paris pour élaborer les affiches de leur employeur. 

Derval travail ensuite pour le musée archéologique d’Angers, et s’installe enfin, entre 1944 et 1945 comme affichiste à Paris. Il travaille pour Christofle, réalisant les projets de décoration de vaisselle, avant que le patron ne lui confie une collection entière à concevoir dans l’atelier Maubrou-Pigaglio à Sant-Amand en Puisaye, la patrie du céramiste Jean Carriès. Après cette première expérience de la céramique, Pigaglio engage Derval pour réaliser de nouveaux modèles de céramiques qui moderniseraient les poteries culinaires utilitaires typiques de la région. C’est là que Jean Derval décide de dédier sa vie à la céramique. 

Jean Derval à Vallauris, de l’atelier Callis à Madoura… et à l’atelier du Portail

En 1946, Derval rompt avec Pigaglio. Il reprend son travail d’affichiste à Paris, mais songe surtout à créer avec ses amis Roger Capron et Robert Picault un atelier de céramique à Vallauris. Mais Picault et Capron créent à deux l’atelier Callis, alors que Derval est retenu à Paris. Il les rejoint en août 1947. En 1948, Robert Picault fonde sa poterie, et Capron se spécialise dans le coulage : Jean Derval ne se sent plus à sa place, il veut continuer le travail artisanal, et répond à l’offre de Suzanne Ramié de rejoindre l’atelier Madoura qu’elle a fondé avec son mari. Derval y rencontre Picasso, et aide Suzanne Ramié à continuer sa production personnelle, mise en péril par le succès du travail novateur de Picasso. 

En 1951, soudainement, Jean Derval quitte Madoura pour fonder l’atelier du Portail. Il ne fabrique que des pièces uniques, aux motifs figuratifs, dans un style de simplification des formes inspiré de Picasso et des poteries des civilisations anciennes, associé à l’austérité sculpturale du grès, matériau découvert à Saint-Amand-en-Puisaye et qu’apprécie particulièrement Derval. En 1948, il expose pour la première fois ses créations, souvent inspirées de thèmes mythologiques, au Nérolium, la distillerie municipale de Vallauris, où depuis 1946 les céramiques se dévoilent lors d’une exposition annuelle. 

Jean Derval et les succès des années 50.

Jusqu’en 1986, Derval participe à l’exposition du Nérolium. En 1952, il participe à l’exposition « potiers de Vallauris » présentée par Françoise Gilot à la Maison de la pensée française à Paris. Il créée avec son beau-frère l’atelier du Mûrier, qui fonctionnera entre 1955 et 1984, grâce notamment à Jean-François Descombes, un élève céramiste de Derval. L’année 1955 marque divers prix et commandes de prestige pour Derval ; il remporte le premier prix à l’exposition internationale de céramique de Cannes, et le Grand prix de l’académie internationale de céramique de Genève. Fin des années 50, Derval expose à New-York et Chicago ; le succès est au rendez-vous. En 1958, il est honoré de la médaille d’or des métiers d’arts à l’Exposition Universelle de Bruxelles. 

Mais en 1961, face à la massification de la production de poterie à Vallauris, Derval participe à « L’Enterrement de la pièce unique » une exposition revendicatrice qu’il organise à l’Atelier du Portail. Malgré tout, le travail de Derval est prisé, en France et à l’international, et les commandes ses succèdent. En 1964, il expose sur le thème de la machine en terre avec plusieurs autres céramistes ; un thème qui marquera sa production postérieure.

Jean Derval retrouve Roger Capron, puis réouvre l’atelier du Portail

 

En 1966, Roger Capron demande à Derval de participer au projet d’aménagement de l’hôtel Byblos de Saint-Tropez. Derval a déjà réalisé de nombreux panneaux et oeuvres sculptées pour l’hôtellerie et accepte. Fort de cette collaboration fertile, Roger Capron, qui dispose d’une immense manufacture spécialisée dans les carreaux de céramiques, décide d’employer Jean Derval à temps plein, en tant que directeur d’études. 

En 1973 toutefois, désireux de privilégier sa production personnelle, Jean Derval retrouve l’Atelier du Portail. Il collabore avec de grandes entreprises de céramique, participe à d’importants projets d’aménagements, publics ou privés, comme la façade de l’immeuble Port Soleil au Cap-d’Agde, ou la résidence présidentielle de Djbouti. Derval poursuit aussi sa participation aux grands salons de la céramique, comme la biennale de Vallauris. Son travail est exposé à plusieurs reprises au Musée des Arts Décoratifs de Paris à l’occasion de rétrospectives sur la céramique contemporaine.

En 1984, Derval reçoit la médaille d’or à la biennale de Vallauris pour des sculptures monumentales. Jusqu’à son décès en 2010, Jean Derval continue à honorer de multiples commandes, de la réalisation de fontaines en céramique, comme celle de 2008 pour la ville de Vallauris, à la création de sculptures monumentales ou de façades entières, comme pour celle de la pharmacie Raybaut à Cagnes-sur-mer (1988). En 1998, Pierre Rémy réalise un film sur Jean Derval. 

Jean Derval est décédé chez lui à Vallauris en 2008.

L’estimation des oeuvres de Jean Derval

En 2019, une céramique « pichet femme du barbu » s’est vendue pour 33 000 euros, signant le record de vente pour une oeuvre de Derval. Ses céramiques des années 1950-1960 semblent les plus estimées, même si son travail des années 2000 connaît aussi un regain de succès, à l’instar de la coupe « les saltimbanques » de 2003, acquise pour la somme de 9 000 euros hors frais en 2021 à Blois. Le prix moyen pour une oeuvre de Jean Derval oscille selon les dimensions, les dates de fabrication, le sujet, et la qualité d’exécution, la plupart des pièces en céramique de moyenne taille (70-90 cm) s’étalant généralement entre 800 et 4 000 euros. La cote de l’artiste semble en légère hausse depuis quelques années.

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