Estimation Zdzislaw Beksinski, peintre contemporain polonais

Dès la fin de ses études d’architecture en 1957-1958, Zdzislaw Beksinski se familiarise au photomontage, en s’inspirant des expérimentations de Raoul Ubac et Man Ray. La photographie, technique objective d’apparence, lui permet de rendre visibles ses fantaisies et fantasmes. Sadist’s Corsets (1957), l’une de ses photographies les plus célèbres présentant le dos nu d’une femme serré par des liens, présente déjà les thématiques majeures de son œuvre, à savoir la fantaisie, le sadomasochisme et l’érotisme.

Dans les années 1960, Zdzislaw Beksinski délaisse la photographie au profit d’autres techniques qui lui permettent de laisser libre cours à son imagination. En sculpture, il réalise des formes anthropomorphes, en plâtre et le métal. Z. Beksinski s’adonne également à la pratique du dessin à partir de 1960. Ses premiers dessins, très graphiques, sont influencés par la pureté des formes d’Henri Matisse et de Pablo Picasso. D’un trait fin et net, réalisé à l’encre de chine, au crayon, où au stylo bille, il dessine des formes pures, adhérant à l’art Abstrait. Les dessins de cette première période ont des dimensions relativement restreintes (21 x 29,7 cm). Au milieu des années 1960, Zdzislaw Beksinski retourne à l’expressionnisme. A l’aide d’un trait désormais irrégulier, il représente de façon expressive les thématiques du sexe, de la femme, de l’amour et de la mort. Ses dessins se déploient alors sur de plus grands formats (70 x 100).

En 1968, Z. Beksinski cesse de dessiner et commence à pratiquer la peinture à l’huile. Il représente avec une précision méticuleuse des sujets fantastiques, s’appropriant ainsi l’approche Surréaliste. Dans une lettre du 11 janvier 1987 à Piotr Dmochowski, Zdzislaw Beksinski évoque les deux veines qui traversent son art. « Le problème essentiel de toute ma création c’est cette impossibilité de concilier ces deux tendances contradictoires qui, toutes les deux, me sont également proches. L’une c’est le besoin que je ressens d’une expression puissante. L’autre c’est celui de la discipline et de la conséquence formelle qui se double d’une propension purement esthétique à une finition méticuleuse et solide ». Avec un académisme formel, Z. Beksinski représente donc les thèmes du Surréalisme fantastique, tels que les cités sans issues, les forteresses impénétrables, ou encore le réveil des morts. La démarche de Zdzislaw Beksinski peut ainsi être rapprochée de celle de Ernst Fuchs, Werner Tubke, ou encore H.R. Giger. La dimension fantastique de son œuvre s’atténue dans les années 1990, mais il reste attaché à représenter le morbide, dans une perspective dystopique.

Zdzislaw Beksinski retourne au dessin en 1973 à travers le fusain. Ses réalisations sont alors formellement identiques à ses peintures à l’huile, à l’exception du fait qu’elles sont monochromes.