Estimation et cote de l'artiste Félix Ziem
Félix Ziem (1821-1911) est un peintre, aquarelliste et dessinateur orientaliste, lié à l’école de Barbizon. Né à Beaune en 1821 d’un père croate et d’une mère bourguignonne, il étudie l’Architecture à l’École d’Architecture et des Beaux-Arts de Dijon. Expulsé en 1838 pour indiscipline, il devient alors commis aux travaux pour la construction du canal de Marseille.
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Une carrière encouragée par les puissants
La carrière artistique de Félix Ziem est encouragée par Ferdinand Philippe d’Orléans, qui accepte deux aquarelles présentées par l’artiste, et lui en commande six autres en 1839. Motivé par cet encouragement, il suit des cours de dessins aux côtés de Auguste Aiguier et Adolphe Monticelli.
Dès 1842, Félix Ziem s’installe à Nice où il devient familier avec les membres de l’aristocratie européenne. Ces derniers lui commandent des portraits, et l’invitent dans leurs demeures. Ces rencontres constituent le début de ses voyages. Il se rend ainsi à Baden en 1842, invité par Sophie, la grande-duchesse de Bade, puis rejoint la Russie en 1843, aux côtés des princes Gagarines. Il y reste plus d’un an. Il parcourt ensuite en Italie, entre 1845 et 1848, puis va à Constantinople, en Belgique, et en Hollande. En 1854, il part pour l’Afrique du Nord, en particulier l’Egypte, et revient l’année suivante en Tunisie. Après une descente du Danube en bateau en 1855, il sillonne la Turquie et la Méditerranée orientale en 1856. Il réside ensuite Alger en 1858. Ses voyages en Orient inspirent à Félix Ziem un atelier de goût oriental, qu’il installe en 1861.
D’un Orient fantasmé à une représentation sensible de l’ailleurs
Sous l’effet d’influences diverses, en particulier celle des Expositions Universelles, Félix Ziem s’oriente vers l’Orientalisme. Il représente d’abord un Orient fantasmé, certains tableaux de Constantinople étant antérieurs à son premier voyage dans la ville en 1847. Contrairement à ses contemporains qui concurrencent la photographie en cherchant à réaliser un reportage, adoptant une manière lisse, Félix Ziem s’attache à représenter des sensations. Félix Fétu, dans Félix Ziem. Peintre et voyageur, décrit sa peinture comme « un rêve de haschisch fixé sur une toile et dont les figures indécises semblent osciller entre le réel et l’impossible ». En effet, ses motifs orientaux sont avant tout des représentations de la couleur et de la lumière, et témoignent de son intérêt pour l’art de William Turner et de Richard Parkes Bonington.
Félix Ziem et la lumière vénitienne
C’est surtout à Venise que Félix Ziem est le plus prolifique. Séduit par la luminosité vénitienne, il s’y rend plusieurs fois par an à partir de 1845. Il travaille depuis son bateau, qui lui sert d’atelier et de lieu de vie. Contrairement à Canaletto et Guardi, il ne représente pas les sites célèbres de la cité, mais s’attache à étudier les changements de la lumière au fil des heures et des saisons. Tout comme son ami Charles de Tournemine, Félix Ziem adopte une palette vive et fraiche, et transcrit d’une touche nerveuse les effets de la lumière sur l’eau. Ses recherches sur la diffraction de la lumière ont parfois entrainé des comparaisons avec l’Impressionnisme. L’esprit de sa démarche est cependant radicalement différent, Félix Ziem privilégiant l’onirique et poétique à la transcription réaliste de la réalité.
Un peintre renommé … dont l’oeuvre entre au musée du Louvre
En revanche, Félix Ziem devient un membre actif de l’école de Barbizon. Il partage son temps entre son atelier parisien de la rue Lepic, ses voyages et, à partir de 1853, de fréquents séjours à Barbizon. Dans la forêt, il peint des natures mortes et portraits d’animaux. Félix Ziem vit d’abord dans une caravane à Barbizon, puis achète finalement une maison à Charles Jacque.
Bien inséré dans le milieu artistique, Félix Ziem expose régulièrement au Salon de 1849 à 1868, et fréquente les artistes illustres de son temps. Vers 1865, Durand-Ruel devient l’un de ses principaux marchands. La vente de ses toiles lui permet d’aider de jeunes artistes et de créer des œuvres de charité dont un asile pour aveugle. Peintre renommé, ses tableaux sont les premiers d’un artiste vivant à entrer dans les collections du musée du Louvre en 1910. Sa carrière est récompensée par de nombreux prix et décorations. Il est notamment fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 1857, puis Officier en 1878, et enfin Commandeur en 1908. A sa mort en 1911, il lègue une partie de son atelier (études et dessins) à la ville de Paris, aujourd’hui conservée au Petit Palais. Excellent dessinateur, près de 10 000 feuilles sont aujourd’hui conservées, ainsi que ses carnets de voyages aquarellés.
La cote des œuvres de Félix Ziem sur le marché de l’art
Malgré cette production prolifique de dessins, ce sont aujourd’hui les peintures de Félix Ziem qui sont le plus prisées sur le marché de l’art. Elles représentent 75% des ventes entre 2002 et 2022, et sont pour la plupart estimées entre 10 000 et 50 000 euros. Après la vente record de Bateau pavoisé lors de la fête de l’Assomption en 2017 pour 175 878 € (155 000 £ ) à Londres, on remarque une baisse de l’intérêt des collectionneurs pour cet artiste, néanmoins contrebalancée par une légère remontée en 2022. Les dessins et aquarelles, plus accessibles, s’échangent pour la plupart pour 1 000 à 5 000 €.
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