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Estimation et cote de l'artiste Henri Laurens
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Les débuts de sculpteur d’Henri Laurens : découverte de l’académisme et de Rodin
Henri Laurens est né dans une famille d’ouvriers à Paris en 1885. Il entre à l’école d’arts décoratifs Bernard Palissy après avoir terminé l’école élémentaire. En 1899, il entre dans un atelier de fabrication de plastiques et d’ornements pour le bâtiment. Son rôle est d’y être le tailleur de pierres. En parallèle, il se perfectionne dans la sculpture en allant aux cours du soir du « Père Perrin » rue de Turgot.
Henri Laurens s’installe à Montmartre en 1902. Jusqu’à 1905, on ne lui connaît qu’un auto-portrait au fusain, et le portrait de Mme Laurens, née Marthe Duverger, où se fait sentir l’influence de Rodin.
Henri Laurens dans le Paris des avant-gardes
Entre 1905 et 1911, Henri Laurens travaille en solitaire à l’élaboration d’une sculpture nouvelle, inspirée par le cubisme synthétique. En 1911 il rencontre Georges Braque, père du cubisme avec Picasso ; pourtant, il n’entre pas encore de plein-pied dans le mouvement. Il suit sa propre voix, même si désormais, il n’est plus isolé. De cette période on trouve une oeuvre sculptée, le portrait de Marthe Gireud, daté de 1912. Vraisemblablement, à cette époque il se serait aussi essayé aux dessins cubistes aux tons colorés, faisant sans doute penser à certains des interprètes du cubisme que l’on trouve alors au coeur de la Section d’Or de Jacques Villon, comme Picabia ou Léger.
1913 marque son entrée dans le champ de l’avant-garde parisienne : pour la première fois, il expose au Salon des Indépendants.
En 1914, Laurens ne rend pas part au conflit, car il est amputé d’une jambe. L’année suivante, Picasso, qui apprécie son travail, vient le voir avec Léonce Rosenberg, directeur de la galerie L’Effort Moderne. Rosenberg lui achète des sculptures et le soutient. L’influence de Pablo Picasso pousse le jeune Henri Laurens vers le cubisme, et ses premières oeuvres cubistes datent de cette période. Il rencontre à ce moment-là Modigliani, mais aussi Juan Gris avec lequel il se lie d’amitié.
Henri Laurens et les élites d’avant-garde : le monde des poètes et des galeristes
Henri Laurens rencontre le poète Pierre Reverdy, dont il illustre les oeuvres, et en 1917 Léonce Rosenberg lui offre sa première exposition à la Galerie de l’Effort Moderne. C’est une consécration pour cet autodidacte, révélé par Picasso.
L’année suivante, après une seconde exposition personnelle, Henri Laurens signe un contrat avec Rosenberg, et s’éloigne des problèmes financiers. En 1919 il réalise une série de gravures pour les poèmes de Reverdy, mais aussi Céline Arnaud et Paul Dermée. Son travail se diffuse.
La sculpture d’Henri Laurens : le cubisme entre 1915 et 1928
Les premières sculptures connues de Laurens sont de petits plâtres colorés et des petites figures de bois de type cubistes. Puis pendant la guerre il travaille le fer et le bois, ou le bois et le plâtre, reniant le volume et la figuration pour réaliser des constructions qui s’apparentent un peu à celles de Picasso à la même époque. Après la guerre, il revient à la figuration. Il s’essaie aux bas-reliefs en terre cuite et en pierre, sculpte en pierre en bois, et réalise des terres-cuites : dans le sillage du cubisme, il créée véritablement son propre style, parfois proche de l’abstraction. En 1928, comme Braque et Picasso, devenus ses amis, il s’éloigne du mouvement. Il redonne de la souplesse et du volume aux formes qu’il avait géométrisées jusque là, et privées de certaines de leurs dimensions.
Sculpture et arts décoratifs : Henri Laurens à l’aube d’un style nouveau, enfin couronné par les succès de la critique
Henri Laurens donne à ses sculptures des dimensions de plus en plus petites, mais le matériau s’ennoblit, car il utilise beaucoup le bronze. En parallèle de la sculpture il poursuit son activité dans les arts décoratifs, réalise des travaux pour Jacques Doucet, le Vicomte de Noailles ou encore Jean-Michel Franck. Il s’établit à l’Etang-la-Ville, près d’Aristide Maillol, et commence à évoluer vers un style plus linéaire. Certaines de ses sculptures en petit format sont alors reprises et agrandies. À cette période, et comme toujours, c’est l’éloignement vis-à vis de la réalité et la liberté de la rendre comme il l’entend qui prédomine chez Laurens, même lorsqu’il s’éloigne du cubisme. En 1935, son travail est récompensé par le prix Helena Rubinstein qui le soustrait de nouveau aux problèmes financiers.
En 1937, Henri Laurens présente à l’Exposition Universelle plusieurs travaux, dont une fontaine et une construction monumentale en bois métal et carton destinée à être suspendue dans le pavillon dessiné par Le Corbusier. C’est une étape considérable dans la reconnaissance du travail d’Henri Laurens. En 1938, il expose avec ses amis Braque et Picasso à Oslo, Copenhague et Stockholm. Son dessin intègre des lignes courbes nouvelles.
La Guerre et la fin de carrière
Henri Laurens se retire pendant la guerre, composant des oeuvres plastiques et des gravures, replié sur lui-même. À partir de là, Henri Laurens travaillera énormément la gravure, et illustrera de nombreux ouvrages.
En 1948 il représente la sculpture française à la Biennale de Venise, et l’année suivante, une grande exposition lui est dédiée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Son art connaît enfin l’écho international qu’il mérite. En 1950, invité avec Matisse à la Biennale de Venise, il partage le grand prix de peinture à l’initiative de Matisse qui avait initialement reçu le prix tout seul. En 1951, immense rétrospective de l’artiste au Musée National d’art Moderne de Paris. Enfin, en 1953, à la Biennale de Sao Paulo, il reçoit le Grand prix qu’il n’avait jamais obtenu à Venise.
De retour à Paris après avoir vu Matisse et Picasso à Vence, il meurt en 1954.
L’estimation des oeuvres d’Henri Laurens
La cote d’Henri Laurens ne connaît pas la crise. Son record a été atteint en 2020 à Londres : un relief (Le Boxeur) de 1920 s’est vendu pour 1 875 492 euros (hors frais). De multiples sculptures d’Henri Laurens sont estimées au dessus du million d’euros. Les premiers jets et les plâtres ne connaissent pas le succès des bronzes, et les prix varient fortement selon le format, l’année, et la qualité de l’oeuvre. Les très petits formats de bronze, de l’ordre de 5 centimètres, se vendent aux alentours de 7 000 euros.
Ses dessins cubistes des années 1920, très reconnaissables à leurs coloris sables, verts et bleus, (gouaches ou collages), peuvent se vendre jusqu’à 175 000 euros, la moyenne se situant plutôt entre 15 000 et 80 000 euros, quand les esquisses n’atteignent pas les 10 000 euros d’estimation.
(Illus.) Henri Laurens
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