Estimation et cote de l'artiste Morris

Maurice De Bevere (1923 – 2001), dit Morris, est un auteur de bande dessinée belge. Il est l’un des rares dessinateurs de ce genre à s’être presque exclusivement consacré à une seule série, Lucky Luke, d’abord seul, puis avec René Goscinny au scénario au milieu des années 1950. À fort caractère humoristique, les aventures de « l’homme qui tire plus vite que son ombre » s’attachent à parodier les œuvres de western, mettant en scène des personnages emblématiques comme les frères Dalton et des figures historiques telles que Billy the Kid ou encore Calamity Jane. Lucky Luke connaît un grand succès, les albums de la série ayant été vendus à plus de 300 millions d’exemplaires. Durant sa carrière, Morris a ainsi pu dessiner 70 albums pour environ 3 000 planches. Découvrez ici l’histoire de Morris et ses œuvres emblématiques. Besoin d’une expertise Morris ? Contactez l’équipe d’Estimon’objet !

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L’enfance de Morris

Issu d’une famille bourgeoise, Morris possède un projecteur Pathé-Baby durant son enfance qui lui permet de visionner des films d’animation. Son goût pour le dessin s’affirme dès cette période : l’enfant prend plaisir à examiner image après image les mouvements saccadés de films comme Lonesome Luke (1917) et Félix le Chat (1919). À six ans, il découvre Tintin au pays des Soviets (1929) d’Hergé qui le passionne, au point qu’il redessine plusieurs fois l’album. À l’école primaire, il réalise ses propres créations sous forme de petits livres d’images. Il est sensible à la caricature et aux films d’animation américains qui connaissent une mutation dans les années 1930 avec l’apparition de la couleur et de la musique. C’est l’époque de Mickey et de Blanche-Neige et les sept nains des frères Disney, ainsi que des productions des frères Fleischer, comme Betty Boop et Popeye, que le jeune Morris apprécie tout particulièrement. Au collège, il dessine également des caricatures.

Le début de carrière de Morris dans le film d’animation

Cependant, dès 1940, la Belgique est sous occupation allemande, le divertissement américain est interdit. Mais si cet embargo est une malédiction pour le public, elle représente une occasion pour les dessinateurs belges de proposer leurs propres créations. Après une formation par correspondance de dessin animé, Morris rejoint en 1943 le studio d’animation la Compagnie belge d’actualités (CBA) en tant qu’encreur, où travaillent aussi comme dessinateurs de films d’animation Franquin, Peyo et Édouard Paape. En parallèle, il propose depuis la fin 1944 des dessins pour l’un des journaux des éditions Dupuis, Le Moustique.
À la Libération, les productions américaines sont à nouveau autorisées. La CBA est alors confrontée à la concurrence de nombreux dessins animés des célèbres réalisateurs Tex Avery, Chuck Jones ou encore Bob Clampett, ce qui provoque sa faillite.

L’affirmation du style de Morris dans le journal Spirou

En 1946, Morris, Franquin et Eddy Paape décident de se reconvertir dans la bande dessinée, un domaine qu’ils estiment être proche du film d’animation. Ils intègrent l’équipe des éditions Dupuis et se forment auprès du dessinateur Joseph Gillain, dit Jijé, qui produit l’essentiel du magazine destiné à la jeunesse : Spirou. Dès la fin des années 1946, Morris publie ses premières planches de Lucky Luke. Celles-ci témoignent d’une influence des dessins animés de Walt Disney et de Chuck Jones, mais aussi des bandes dessinées de Mickey réalisées par Floyd Gottfredson, un dessinateur de cinéma d’animation lui aussi reconverti dans ce domaine. Très marqué par Tintin au pays des Soviets, Morris reprend le principe de la ligne claire et nourrit un goût pour la lisibilité et l’épure. Ses structures sont géométriques et les perspectives maîtrisées. Le dessinateur ose innover. Appliquant à la bande dessinée ses compétences de dessinateur de films d’animation et s’inspirant des photographies instantanées d’Eadweard Muybridge, ses dessins décomposent le mouvement, ce qui est inédit à l’époque. À la différence de Franquin, il n’use pas d’effets pour signifier le dynamisme d’une action, mais utilise plutôt une grammaire corporelle maîtrisée. Il conçoit également de nouveaux types de cadrages, dessinant des cases qui occupent la moitié de la page ou des gros plans pour créer des effets cinématographiques.

La découverte des États-Unis par Morris, de 1949 à 1955

En 1949, Morris se rend aux États-Unis afin de s’imprégner de l’atmosphère des westerns et découvrir les méthodes de travail des auteurs américains. Il y fait la rencontre du scénariste de bande dessinée René Goscinny qui lui présente l’équipe du Mad Magazine. Ce journal satirique créé en 1952 s’applique à caricaturer tous les pans de la culture populaire américaine d’après-guerre : les super-héros, le cinéma hollywoodien, la publicité… Influencé par ce mensuel, Morris donne à partir de là une dimension plus parodique à Lucky Luke. La bande dessinée devient alors un véritable pastiche des westerns, reprenant les clichés du genre, citant des personnages célèbres pour les caricaturer. Des membres de l’équipe du Mad, il intègre certains aspects de leurs dessins comme les silhouettes longilignes et l’encrage caractéristiques de Jack Davis ainsi que les compositions géométriques d’Harvey Kurtzman. Son trait, jusqu’alors tout en rondeur, devient plus délié. L’humour de sa bande dessinée adopte également un ton incisif et absurde, Morris étant inspiré en particulier par le dessinateur Virgil Partch et le caricaturiste Al Hirschfeld.

La collaboration de Morris avec René Goscinny et l’âge d’or de Lucky Luke

De retour en Belgique, il propose à René Goscinny de lui écrire un scénario. Le style arrivé à maturité de Morris, couplé à l’humour visuel du célèbre scénariste, font de la bande dessinée Lucky Luke un véritable succès. Ensemble, ils publient leur premier album, Des Rails sur la prairie dans Spirou en 1955. Suivra une série prolifique jusqu’à la mort de Goscinny en 1977 : citons entre autres Les Cousins Dalton, Le Juge, Calimity Jane ou encore La Diligence. Par la suite, Morris choisit de travailler avec d’autres scénaristes.

La cote de Morris

Les ayants droit de Morris conservant ses originaux comme lui-même le faisait de son vivant, ses dessins sont extrêmement rares. En décembre 2023, pour les cent ans de la naissance de Morris, dix dessins originaux issus de la collection familiale ont néanmoins été mis en vente pour un total de 330 184 €. Les dessins de Morris présents sur le marché de l’art encrés et mis en couleur sont estimés entre 2 000 et 18 000 €. Les dessins dédicacés sont également mis en vente pour une estimation oscillant entre 100 et 300 €. L’estimation des albums en éditions originales dans un état neuf s’élève quant à elle à 200, voire 800 €. Les sérigraphies de Morris se vendent entre 100 et 250 €. Fort du succès du célèbre lonesome cowboy, les prix des dessins de Morris peuvent s’envoler. Ainsi, en 2022 s’est vendue à Bruxelles pour 70 327 € une des illustrations les plus connues de Lucky Luke et Jolly Jumper, une quatrième de couverture apparue pour la première fois dans Des Rails sur la prairie (1957), représentant le fidèle destrier léchant la cigarette de son maître. Vous souhaitez faire expertiser un dessin de Morris et recevoir son estimation ? Remplissez votre demande via notre formulaire en cliquant ici. Faites estimer un dessin de Morris en quelques clics et recevez une réponse sous quelques jours. C’est gratuit et totalement confidentiel !

(Illus.) Cartel : Lucky Luke, Morris

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