Estimation gratuite d'argenterie du XIXème

Le XIXe siècle voit la bourgeoisie passer d’un statut d’élite riche à une population moyennement aisée plus dense. Ces nouveaux bourgeois s’équipent à leurs tours de certains objets d’art qui se multiplient alors, en nombre et en styles. Dans les foyers cossus, on se doit de posséder sa propre argenterie : ménagère à couverts, service à thé, plateau, vase, sucrier, bougeoir, nécessaire de toilette, miroir, nécessaire de bureau, ouvre-lettre, etc. Ces objets d’art ainsi travaillés sont personnalisés et font émerger de grands noms de l’orfèvrerie et notamment de l’excellence parisienne.

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La bourgeoisie du XIXe siècle

En Europe occidentale, le XIXe siècle est celui de l’exode rural et de l’essor des villes. Cela engendre l’arrivée de nouveaux bourgeois qui ont besoin de justifier leur nouveau statut auprès de l’ancienne aristocratie. L’argenterie est un bon moyen de montrer sa fortune et d’asseoir sa place dans le monde bourgeois.

Par exemple, l’on peut au cours d’un dîner, servir à ses invités des mets raffinés dans une vaisselle en argent élégante et de qualité. D’ailleurs, des meubles spécifiques sont conçus pour présenter son argenterie : les argentiers. Face à la forte demande en argenterie, on produit aussi davantage de métal argenté. L’alliage ou même le plaquage est également moins onéreux que l’argent pur. Aussi, ces objets d’art font appel à de multiples corps de métier artistiques : orfèvrerie de table, orfèvrerie d’église, métallurgie, bijouterie, coutellerie, ou même encore marqueterie.

Les différents styles d’argenterie au XIXe siècle

Au milieu du XIXe siècle, les techniques industrielles d’argenture et de dorure par électrolyse favorisent cette production de métal argenté ou doré. Autant de pièces en argent qui dévoilent dans leurs décorations divers procédés artistiques : la ciselure, l’estampage, la gravure, le poinçonné, le repercé et le repoussé. 

Le poinçon est essentiel sur chacune des pièces d’argenterie. La marque qu’il occasionne fournit les précieuses informations concernant le nom de l’orfèvre ou de la maison de fabrication ainsi que la qualité de la pièce en ce qui concerne la quantité d’argent pur. Un second poinçon indique également le nom de son possesseur, par exemple par la représentation de ses armoiries. Ces poinçons sont obligatoires, réglementés et déposés dès le XIXe siècle, ce qui permet de dater l’objet assez précisément.

Parmi les plus grandes maisons d’orfèvrerie, nommons la dynastie d’orfèvres Froment-Meurice, Christofle, Odiot ou encore Puiforcat. La Maison Christofle fondée en 1830 à Paris a pu s’enorgueillir de posséder les titres « d’Orfèvre du Roi » ou encore de « Fournisseur de l’Empereur ». Cela lui a permis ensuite d’être également sollicitée par les souverains étrangers dont le Tsar de Russie. Christofle s’inscrit dans la lignée de la Maison Odiot, active dès le début du XIXe siècle. La Maison Odiot se voit également passer de prestigieuses commandes, notamment pour la famille de Napoléon Ier ainsi que pour les grandes familles de la diplomatie européenne. Leurs pièces d’argenterie se sont bien illustrées dans les courants modernistes Art Nouveau puis Art Déco. Certains autres modèles de l’argenterie du XIXe siècle s’inspirent encore des styles anciens.

L’orfèvrerie parisienne du XVIIIe siècle est d’ailleurs déjà très appréciée par la cour de Russie. Les commandes de propriétaires russes auprès d’orfèvreries et de manufactures parisiennes vont se poursuivre et se multiplier au siècle suivant.

Le XIXe siècle voit également se répandre dans toute la Russie et dans l’Asie centrale le samovar utilisé dans le rituel du thé. Cet ustensile est souvent accompagné de toute une suite d’argenterie (plateau, tasses, etc.) Les familles les plus nobles possèdent un samovar richement orné, ce qui en fait de véritables objets d’art.

Une autre particularité de l’argenterie est que son propriétaire peut faire refondre sa collection pour en récupérer l’argent s’il le souhaite. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Louis XIV avec l’argenterie royale pour financer ses guerres au XVIIe siècle. Aussi, l’argenterie du XVIIe siècle apparaît comme une rareté, celle du XVIIIe siècle comme plus nombreuse et celle du XIXe siècle comme abondante.

L’estimation des pièces d’argenterie du XIXe siècle

L’argenterie du XIXe siècle se vend généralement au poids avec une légère plus-value pour les objets les plus lourds car souvent de meilleure qualité. L’état d’usure de l’objet est bien entendu un critère important. En dépit de son abondance, notons qu’un orfèvre renommé, un objet de prestige ou un aspect hors du commun augmentent la plus-value.

Les ménagères à couverts gagnent un peu en cote à plusieurs conditions. Celles-ci doivent être complètes, dans leur coffre, de préférence à 12 pièces, avec des ustensiles courants et des décors plutôt raffinés que chargés. Les modèles les plus recherchés sont l’uni-plat, les filets et les coquilles. On peut estimer la vente d’une telle ménagère entre 10.000€ et 20.000€.

Il existe aujourd’hui un engouement de la part des collectionneurs et des amateurs pour l’argenterie du XIXe siècle, pour les arts de la table en particulier. Il ne s’agit plus seulement de posséder une pièce historique mais de s’en offrir un usage festif voire quotidien. A ce titre, les pièces les plus esthétiques, agréables à l’emploi et singulières sont les plus prisées.

Parmi les records de vente, on donnera l’exemple d’une Jardinière en argent signée de l’orfèvre Froment-Meurice, vers 1880, vendue à 21.000€ en 2006 à Paris, pour un poids de 4,4kg. Et l’exemple d’une suite de Quatre candélabres, vers 1850, signés Froment-Meurice, issus des collections Rothschild vendus à 204.510€ en 2005 à Paris, pour un poids de 5,6kg.

En ce qui concerne les ventes plus récentes, voici des exemples (de ventes au marteau) d’objets en argent du XIXe siècle signés Froment-Meurice :

  • Le 15 juillet 2021, une Jardinière rectangulaire en argent, de 9,6 cm, s’est vendue à 3389€ aux Etats-Unis.
  • Le 6 juillet 2019, un Vase de fleurs en argent et vermeil, de 22 cm, s’est vendu à 250€ à Troyes.
  • Le 4 mai 2016, un Surtout important en argent et métal argenté, de 46 x 52 x 42 cm, s’est vendu à 9500€ en Belgique.

Dans la dernière décennie, les ventes au marteau de ces objets d’argenterie du XIXe siècle signés Odiot nous donne une indication sur sa cote actuelle :

  • Le 26 juin 2022, un Dessous de carafes en argent (daté autour de 1820), de 3,6 x 15,7 cm, s’est vendu à 1800€ en Belgique.
  • Le 24 novembre 2020, un Plateau, bords à double frises de feuilles, anses en serpent en enroulement (daté entre 1819 et 1826), en argent, bois et métal argenté, de 70 cm, s’est vendu à 12.500€ à Paris.
  • Le 12 avril 2018, des Salières doubles (datées autour de 1819), en argent (doré) et vermeil, de 24 x 19 cm, se sont vendues à 25.000€ à Paris.

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